La perception du monde.

Nous percevons le monde qui nous entoure avec nos cinq sens sous la forme de sensations visuelles, auditives, kinesthésiques, gustatives et olfactives. Le monde que nous nous représentons est le fruit de nos perceptions. C’est notre façon d’interpréter tout ce qui nous entoure et d’y donner sens.

Nous ne savons pas exactement de quoi est fait le monde en réalité objective. Nous ne connaissons que la représentation que nous nous faisons du monde, ce qui ne veut pas dire que c’est le reflet du monde proprement dit.

Chaque individu a sa propre représentation du monde qui est subjective car est une représentation (carte) de la réalité et non la réalité elle-même (territoire). Il existe ainsi autant de représentations de la réalité qu’il existe d’individus. Nous interprétons les perceptions de l’environnement au travers de nos propres filtres.

Notre perception est influencée par notre état d’âme au moment où nous sommes confrontés à une situation. Nous n’aurons pas le même ressenti ou la même réaction face à un événement identique.

L’artiste, créateur de choses, questionne le spectateur quant à sa perception de ce qu’il voit. Comme créateur de choses qui reconfigure notre perception du monde, il nous rappelle que le lien entre ce que nous percevons et ce que nous savons n’est jamais fixe et que voir est un acte fondamentalement politique.

Je suis entrée dans l’univers du sculpteur Mattia Bosco, dont la démarche bouscule les codes de la pratique et cherche avant tout à valoriser la forme de la pierre déjà présente dans la nature. Forme et matière, qu’il valorise de feuilles d'or ou d'argent, se retrouvent intimement liées, sans être malmenées.

Voici Alicja Kwade, qui dans son œuvre, examine des concepts subjectifs comme l’espace et le temps.  Kohle (1T Rekord), est un assemblage de morceaux de charbon moulés dans du bronze. Chacune des briques est ensuite recouverte de feuilles d’or pour les faire ressembler à des lingots et assemblés sur une palette de manutention. En modifiant l’apparence physique de cette ressource naturelle, et en juxtaposant des matériaux de valeur monétaire différente, l’artiste nous invite à voir la réalité dans une tout autre perspective.

Mona Hatoum est une plasticienne d’origine palestinienne, née à Beyrouth (Liban). Elle détourne les objets du quotidien afin d’interpeller le spectateur sur sa perception du monde. Ainsi, une tasse double dont on ne perçoit pas l’utilité ou cette passoire dont les orifices ont été bouchés avec des barrettes de métal. L’ustensile ne peut plus remplir sa fonction principale, laisser l’eau s’écouler par les ouvertures.

Ghada Amer est égyptienne et vit à New York. Son travail artistique, qui implique divers médias tels que la peinture, traite principalement des questions de genre. « Much Again » mêle peinture et couture. Au premier regard, le spectateur ne peut décrypter que les traces du fil qui s’étend sur toute la surface, à la façon de l’expressionniste de Jackson Pollock. Dans un deuxième temps, l’œil capte l’image d’une femme nue, allongée sur le dos, le visage tourné vers nous. Cette œuvre défie le spectateur sur ce qu’il voit et sur ce qu’il croit savoir.

Luca Marziale, est un photographe qui immortalise l'infiniment petit. Ses modèles sont ceux que les autres ne perçoivent pas à l’œil nu. L’artiste se concentre sur des détails infimes, des microorganismes apparus dans des environnements extrêmes, pour mettre en valeur la nature dans toute sa puissance, sa rudesse et sa beauté. Le résultat est fascinant, et donne forme à ce que le photographe appelle des "micro-paysages", dont il réalise de grands tirages.

Devant ces photographies, la perception et la perspective de l’observateur sont questionnées : le paysage est devenu abstrait, les points de référence ont disparu et le sujet de la photographie n’est pas immédiatement compréhensible. 

« Quel est l’objet de l’art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l’art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l’unisson de la nature. »

BERGSON, Le rire, chapitre III, I, §16

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